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C’est que le jeune homme, dans cette fin de crise de la puberté, se prenait peu à peu de conscience positive. Son manque de fortune lui commande de s’ingénier avec plus de constance vers des travaux pécuniairement productifs. Et, désormais plus correct de manières et de tenue, ainsi que l’exige la respectability, il trouve des leçons à donner, leçons de mince rapport toujours, mais qui lui permettent, croit-il, de ne plus encourir le reproche de vivre à charge de son ami.

Est-ce l’effet de son état maladif ? Est-ce la conséquence de l’irritation ressentie à voir Verlaine se déprimer dans des conditions sentimentales plus absurdes que jamais ? Il devient très acariâtre envers le « compagnon d’enfer ». Lorsqu’ils sont ensemble, ce sont des conflits acerbes, dont le Pauvre Lélian parlera à sa mère, ce qui permettra à celle-ci de déposer bientôt, au bureau de police de Bruxelles, que son fils a eu à se plaindre du caractère méchant de Rimbaud. — Pauvre, trop faible mère qui pourrait songer à faire reproche de cette injustice à votre douleur du moment…

Il semble, en vérité, que Rimbaud cherche à se faire haïr de Verlaine. Il l’épouvante par des colères et des mystifications sinistres, par des voies de fait même ; il l’accable de railleries,