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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

trop aima. Et ce pardon, quoi qu’il advienne, sera toujours acquis au Pauvre Lélian. Car Rimbaud, même après le drame de Bruxelles, encore qu’il en paraisse autrement par la rixe de la Forêt-Noire, n’aura jamais pour le souvenir de Verlaine un seul mot de mépris ou de rancune. La rancune ne saurait siéger dans l’âme des Forts.


Il est à noter également qu’en ce début de l’année 1873, la physionomie de l’adolescent se modifiait à nouveau. Etait-ce le résultat des fatigues corporelles éprouvées au cours des deux années précédentes, de l’alimentation irrégulière, d’une hygiène déplorable, dessoucis, du surmenage cérébral ? Ou bien était-ce déjà l’effet d’une fatalité pathologique ? Son teint, devenu terreux, plombé, se marbre de rougeurs fiévreuses le bleu de ses yeux pâlit, et les pupilles, se rétrécissant parfois jusqu’à presque disparaître, donnent au regard un caractère infiniment vague et comme mourant. Il maigrit dans son corps et dans son visage dont l’ovale, autrefois si pur, s’altère de saillies et de creux. Des journées entières, lui si instable, il reste enfermé dans sa chambre, étendu, les yeux mi-clos, sur son lit. À l’heure des repas, sa mère ou ses