Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fondait-elle dans un redoublement de désespoir, désespoir que parvenait à peine à atténuer la conscience des devoirs envers ses autres enfants.

Elle vivait ainsi depuis de longs mois à Charleville, lorsque lui arriva, timbrée d’Angleterre, une lettre d’Arthur. C’était vers le milieu de novembre 1872.

L’épître était assez rassurante, en somme. On était en sûreté à l’étranger ; on s’y portait bien ; on apprenait la langue anglaise ; on donnait des leçons de français. Il était aussi mandé que, Verlaine plaidant en séparation et les Mauté ayant beaucoup d’animosité contre leur gendre, la perte des papiers confiés autrefois à l’ami, et demeurés par sa négligence à Paris, était à craindre. Ces manuscrits, ajoutait-on, seraient d’un grand secours ; on les ferait éditer et ils deviendraient ainsi une référence livresque permettant de trouver à Londres des leçons plus avantageuses au pécuniaire ; et Rimbaud terminait en priant sa mère de vouloir bien faire réclamer ces papiers, ou d’aller elle-même les chercher, soit chez Madame Verlaine mère, chargée de récupérer les objets personnels laissés rue Nicolet, soit chez les Mauté, au cas où, en défi des requêtes, ceux-ci se seraient cru le droit de les garder.