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Soif, Chanson de la plus haute Tour, Éternité. À Paris, il venait d’écrire : Barbare, Mystique, Après le Déluge, Fleurs, Aube, Scènes, Qu’est-ce pour nous mon cœur, etc. Il écrira bientôt, soit à Bruxelles, soit à Londres, soit à Charleville Âge d’Or, Ô Saisons ô Châteaux, Fêtes de la Faim, Génie, Solde, Jeunesse, Guerre, Villes, Métropolitain, Promonloire, Parade, Conte, etc. C’est donc l’époque qui montre la phase la plus pleine et la plus éblouissante de son génie littéraire. Il y atteint des hauteurs inconnues, en France, jusqu’à lui. C’est vraiment l’infini de la pensée, dans la profondeur aussi. Cela donne au lecteur le vertige. Et quant à la langue, et quant au style, « flammes et cristal, diamant, fleuves et fleurs et grandes voix de bronze et d’or », ils sont la magnificence même, avec leurs facettes omnicolores. Jamais personne n’a autant fait exprimer à la parole. Quelle densité d’idées ! Quelle intensité de vision dans le surnaturel On est aveuglé par tant de luminosité. Rimbaud, le Rimbaud des Illuminations, c’est Pascal doublé du saint Jean de l’Apocalypse. Plus encore : c’est l’Esprit lui-même, paganisme et christianisme confondus. Vraiment, comme l’a émis la froide perspicacité de Félix Fénéon, cela est au-dessus de toute littérature.