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sont si peu d’accord avec nous. J’ai eu raison dans tous mes dédains, puisque je m’évade.


Ah ! certes, il les avait dédaignés et méprisés. Il ne leur avait célé, même, ni son dédain ni son mépris. Ces messieurs ne le lui pardonnèrent jamais, et s’en vengèrent bassement. Mais depuis quand l’homme de génie n’a-t-il plus le droit de dédaigner, de mépriser les imbéciles, les pignoufs et les pleutres (ce sont les propres expressions de Rimbaud) ? Nous demandons cela aux écrivains de la génération suivante qui, trop pressés de juger, crurent devoir s’autoriser des rages pédagogiques et parnassiennes pour propager des monstruosités sur le compte du grand, du pur, de l’absolu poète envers lequel ils sont, pour la plupart, redevables, soit directement, soit à travers Verlaine, d’une forte part de leur talent.


Au cours du printemps de 1872, à Charleville, Rimbaud se complut a vivre isolé, presque misanthrope. Rencontrait-il, par hasard, quelque ami de collège ? Il s’ingéniait à l’écarter en lui tenant des propos bouleversant toute morale acquise. De plus en plus visionnaire, plongé presque continuellement dans une muette rêverie, par les rues, par la campagne, à travers les