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baud, au foyer austère de sa mère, après le supplice parisien, s’interrogeait ; il faisait un premier examen de conscience. La Comédie de la Soif n’est pas encore Une Saison en Enfer, mais c’est déjà bien immense de lassitude temporelle et d’aspirations hors du monde.

Dans la première de ces chansons, il se demande s’il pourrait adopter la vie de ses ancêtres terriens en le travail paisible et aisé, tout en buvant comme eux, aux heures de soif, les rafraîchissements admis ; et il se répond : non ! plutôt mourir que vivre ainsi, plutôt être une brute totale. Et il termine par le vœu d’épuiser les hanaps de la vie, d’approfondir tous les secrets de la mort.

Dans la seconde, il se demande s’il va revenir à la poésie courante, à l’esprit des légendes et des mythologies ; et il se répond : non ! car cela ne s’accorderait plus avec ses besoins idéaux. Les chants qu’il adopterait maintenant seraient plutôt ceux de la soif d’inconnu qui le torture si intimement.

Dans la troisième, il se demande s’il écoutera les appels de ses amis de Paris, qui l’invitent à venir continuer avec eux cette vie de bohème littéraire, pleine d’ivresses et d’hallucinations alcooliques ; et sa réponse est toujours : non ! Il préférerait à cela la consomption de son être