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et ineffaçables dans le souvenir d’une génération bruyante d’artistes, l’action d’Arthur Rimbaud à Paris est-elle demeurée jusqu’ici de signification obscure. On l’a comprise généralement mal souvent, pas du tout. On a systématiquement expliqué à côté. Puis, la lâcheté et l’hypocrisie s’en mêlant, on a volontiers commenté à rebours et propagé avec complaisance telles méchantes interprétations, devenues bientôt matière à gorges-chaudes. Pour un Paul Verlaine, un Charles Cros, un Raoul Ponchon, un Forain, un Cabaner, admirateurs, avec combien de vagues Parnassiens, destinés à asseoir leur médiocrité sur un rond de cuir ou sur un siège d’assemblée parlementaire ; avec combien de prétentieux photographes et de faux peintres, le natif et immense poète des Illuminations eut-il affaire, qui, à l’applaudissement de leurs pareils, outragèrent son orgueil légitime de dieu en haillons de leur suffisance bien mise d’imbéciles ?

Quand on sait la vie antérieure de Rimbaud, quand on songe à tout ce qu’il y avait de suprême et angélique ambition dans les visées de cet enfant de seize ans plus poète que jamais personne ne le fut, comme on sent, à y bien réfléchir, qu’il dut, en fin de compte, se complaire honoré par le mépris de gens qualifiant