Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur l’accord possible, à venir là réfugier son ménage. L’existence en commun avec les beaux-parents n’allait pas du tout d’harmonie. Verlaine s’adonnait à l’alcool ; M. Mauté était de mœurs ultra-bourgeoises et chicanouses.

À l’arrivée d’Arthur Rimbaud, l’ex-tabellion, qui n’eût pu se faire à l’idée d’héberger un artiste sans le sou, ne s’était heureusement pas trouvé chez lui, et, parti en voyage d’affaires, il ne devait rentrer que dans une quinzaine dé jours. Verlaine proposa de garder l’arrivant jusqu’à l’aboutissement des démarches en vue de lui assurer un logement chez des amis. Les dames acquiescèrent, à la condition que pour la rentrée du redouté chef de maison l’hôte serait ailleurs.

Mais il mangeait trop sans doute, au sens des Parisiennes, ce garçon d’Ardenne aux mains gourdes et pas assez mondain ! On le supporta mal, tout de suite. Le voyant gêné, et d’ailleurs heureux de fuir son maussade intérieur, Verlaine l’emmenait dans Paris et commençait à l’initier aux ivresses de l’absinthe.


Or, l’auteur des Poèmes saturniens s’intéressait de plus en plus aux conversations géniales et « prophétiques » de son hôte s’apprivoisant dans la rue, à ses manières toujours imprévues