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La pauvre mère, presque morte,
Se lève, court à son enfant,
Par la forêt soudain l’emporte,
Pressé sur son cœur palpitant.
Comme en sa joie elle l’embrasse,
Ce triste fruit de ses amours,
Cet innocent qui lui retrace
Le cruel qu’elle aime toujours !

Mais bientôt quelle inquiétude
En ses transports la vient saisir !
Par cette vaste solitude,
Foibles tous deux, que devenir ?
Le jour fuit. Elle erre tremblante ;
Son enfant crie, il meurt de faim.
Mais quoi ! le trouble et l’épouvante
Ont tari le lait de son sein.

Comment vous dire ses alarmes ?
Comment la peindre en sa douleur,
Abreuvant son fils de ses larmes,
Et le réchauffant sur son cœur ?
S’il se plaint, cent vives atteinte
Déchirent ses sens éperdus ;
Et s’il cesse un moment ses plaintes,
Elle croit qu’il n’est déjà plus.