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lui ouvrez, lui promet du plaisir, il vous suit, occupé uniquement à recueillir les fleurs que vous jetez sur son passage. Quelques écarts légers, les inégalités même de votre marche ne le rebutent point. Comme vous le tenez continuellement en haleine, en allant devant lui et en lui présentant une amorce qui l’attire, la crainte de vous perdre, s’il s’arrête un moment, l’engage à régler ses pas sur les vôtres, à les presser ou à les ralentir sans murmure. Parvenu une fois au terme, et content du voyage, il ne s’avise point de revenir sur ses traces pour remarquer les endroits où peut-être lui avez-vous fait éprouver quelque légère fatigue. Il est arrivé ; sa route, en général, a été gracieuse : il ne vous doit que des remercîmens. Il en est tout autrement du poëme partagé par mesures égales. Comme le lecteur apperçoit de distance en distance des repos marqués, où il pourra s’arrêter à sa fantaisie, et vous retenir vous-même aussi long-temps qu’il lui plaira ; cette espèce d’empire que vous lui laissez prendre sur son guide, le rend plus difficile sur les agrémens de la route. La fin de chaque couplet est comme une borne sur laquelle il va s’asseoir pour jeter un coup-d’œil sur le