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de leurs maîtresses, et de la magnificence de leurs palais. Ce goût, une fois adopté par les princes, passa bientôt, selon l’usage aux derniers de leurs vassaux. La Romance fut insensiblement livrée à de vils jongleurs ; dégradation fatale qui lui porta le coup le plus-dangereux. Elle se soutint cependant par le fanatisme de religion que les croisades venoient d’enflammer, et dont elle sut tirer parti dans ses chants. La nouveauté des mœurs des Orientaux, le goût des fictions qu’elle prit dans leur commerce, flattant l’imagination et nourrissant la curiosité, la retinrent encore sur le penchant de sa décadence. Mais nos guerres sanglantes contre les Anglois, le discrédit où tomba la chevalerie à la mort de Bayard, son dernier appui, avancèrent tellement sa ruine, que le vaudeville n’eut qu’à paroître pour achever de la détruire dans tous les esprits.

Muette dans toute la durée du règne de son vainqueur, la Romance n’a osé reprendre sa voix qu’en le voyant lui-même abandonné à son tour par notre goût volage. Les efforts qu’elle a hasardés vers le milieu de ce siècle, ont fait concevoir à ses partisans les espérances les plus flatteuses. Hé ! Comment