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que le bon ſens & la juſtice exigent que l’on ſouffre que chacun penſe comme il voudra pourvû qu’il agiſſe en honnête homme & en bon citoyen ; ſi ces Princes au lieu du Catéchiſme alloient faire enſeigner une morale intelligible, que ſeroit-il beſoin de diſputes Théologiques, de Conciles, de Canons, de formulaires, de profeſſion de foi, de Bulles, &c. qui ſont pourtant ſi néceſſaires au bien de la Religion, & ſi propres à exciter de ſaints tumultes dans les Etats ? Enfin ſi des êtres raiſonnables s’aviſoient jamais de conſulter leur raiſon, que le Sacerdoce a ſi ſagement proſcrite, que deviendroit la foi, ſans laquelle nous ſavons que l’on ne peut être ſauvé ?

Tout cela nous prouve évidemment que l’Egliſe n’a nul beſoin de cette morale humaine & raiſonnable que l’on a la témérité d’oppoſer à la morale divine Evangélique, & qui pourroit cauſer à la fois la ruine de la Religion & du Sacerdoce, dont on ne peut point ſe paſſer. Si les Souverains conſultaient la raiſon, l’équité, les intérêts futiles d’une politique terreſtre, ils veilleroient à l’inſtruction des peuples, ils feroient des loix ſages, ils rendroient leurs ſujets raiſonnables, ils ſeroient adorés chez eux : ſur le pied où ſont les choſes, les