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devoir & ne doit être obéi que quand il obéit à Dieu, c’eſt-à-dire, à ſes Prêtres ; dès que ceux-ci le jugent néceſſaire au bien de la Religion il eſt de ſon devoir de tourmenter, de perſécuter, de bannir, de brûler ceux de ſes ſujets qui ne travaillent point à leur ſalut, qui ſont hors du chemin qui y conduit, ou qui peuvent contribuer à égarer les autres.

En effet tout eſt permis pour le ſalut des hommes ; rien de plus légitime que de faire périr le corps pour rendre l’ame heureuſe ; rien de plus avantageux à la politique Chrétienne que d’exterminer de vils mortels qui mettent obſtacle aux ſaintes vues des Prêtres. Ainſi loin de reprocher à ceux-ci les cruautés ſalutaires qu’ils ont ſouvent employées pour ramener les eſprits, on auroit dû leur permettre de redoubler, s’il eſt poſſible, ou du moins de rendre plus durables les rigueurs qu’ils font éprouver aux Mécréans ; cela leur rendroit, ſans doute, plus aimable la Religion qu’on veut leur faire embraſſer. Celui qui découvriroit un moyen de rendre les ſupplices des hérétiques plus longs & plus douloureux, feroit, ſans doute un grand bien à leurs ames, & mériteroit très-bien de l’Egliſe & de ſes Miniſtres.