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néantir la foi dans l’eſprit de leurs ſujets. Mais comme ſans foi il eſt impoſſible de ſe ſauver, & comme la plus importante des choſes eſt de ſe ſauver, on doit en conclure que c’eſt au Clergé à voir ce qu’il faut faire des Princes qui ſont indociles ou ſans foi ; ſouvent il trouve qu’oportet unum mori pro populo, doctrine très-déplaiſante pour les Rois, très-nuiſible à la Société, mais dont les Jéſuites aſſûrent que l’Egliſe doit très-bien ſe trouver, & que le très-Saint Pere n’a jamais eu le courage de condamner.

On voit donc que les Princes ſont en conſcience & par intérêt obligés d’être toujours ſoumis au Clergé ; les Souverains n’ont de l’autorité dans ce monde que pour que l’Egliſe proſpere : l’Etat ne pourroit être heureux ſi les Prêtres n’étoient contens ; c’eſt, comme on ſait, de ces Prêtres que dépend le bonheur éternel, qui doit bien plus intéreſſer les Princes eux-mêmes que celui d’ici bas. Ainſi leur autorité doit être ſubordonnée à celle des Prêtres qui ſavent ſeuls ce qu’il faut faire pour arriver à la gloire. Le Souverain ne doit donc être que l’exécuteur des volontés du Clergé, qui n’eſt lui-même que l’organe des volontés divines. Cela poſé, le Prince ne remplit ſon