Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
x
préface

tique de la patrie et tout son effort tendre à la rendre glorieuse et prospère. Que de nobles choses lui sourient alors au travers des ombres vaporeuses et dorées d’un avenir qu’on voudrait prochain ! Il faudrait des sacrifices pour donner corps à ces grandes conceptions. Qu’importe, la jeunesse n’est-elle pas appelée, par la générosité de ses sentiments, à la hauteur des plus sublimes réalisations ?

Les considérations psychologiques abondent dans le récit de M. Bernier. Il faut lui savoir gré de ne pas trop appuyer ici et de suggérer les conclusions au lieu de les exposer longuement. Toute son affabulation s’amène dans un style pénétré de lumière et de couleurs. Amiel s’est un jour avisé de formuler un axiome, sujet depuis de bien des gloses : « Un paysage est un état de l’âme ». Comprenez par cette phrase de l’écrivain genevois que la nature paraît belle ou laide selon l’état de votre esprit. La vision est la résultante de la subjectivité. « Ô montagnes odieuses ! » clamait Victor Hugo après la mort de sa fille. « Superbes collines ! » chantait un autre poète au bras de sa fiancée. Monsieur Bernier applique la formule d’Amiel sans la connaître probablement : selon que la vie est douce ou cruelle à ses personnages, il choisit un cadre en harmonie avec leurs émotions.