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caparait, le refroidit toujours plus, l’isola de ce qui n’était pas elle. Sachant de quelles ambitions, de quels égoïsmes bouillonnaient les âmes de plusieurs de ses confrères, il discernait trop bien, sous les diatribes irritées qu’ils hurlaient sur les tréteaux, les jours de campagne électorale, une exaltation mensongère parce qu’elle était calculatrice. Sans doute, il exagérait la laideur, et surtout, l’instinct du lucre chez eux : il oubliait principalement que tous ses camarades n’avaient pas une bourse paternelle où se fournir et que plusieurs flammes du cœur jaillissaient de leurs poitrines salariées. Mais ne fallait-il pas qu’il étranglât, si peu souvent qu’il vînt, le remords de ne se soucier qu’indolemment des destinées nationales ? Il avait mobilisé toutes ses forces d’intelligence et de courage pour la conquête de la science aimée. Les hommes pouvaient-ils exiger plus de lui que la consécration de lui-même à leur bien, à leur soulagement, à leur patrimoine d’honneur ? Un idéal trouble d’humanitarisme le dominait seul, réduisait à néant les quelques blâmes fugitifs de la conscience…

Au cours de la dernière année, cette oisiveté de la fibre patriotique s’approfondit encore. Le doctorat la hantait, le prenait tout entier… Des amis, pendant la dernière semaine, l’appelèrent