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— Il est préférable que je ne dise pas son nom !…

— Vous l’avez cru ?

— N’insistez pas, je ne suis pas préparée à tout vous dire, ce soir ! Si vous m’aimez, Lucien, n’exigez pas, soyez généreux ! Demain, un autre jour, il n’y aura plus de mystère entre nous. Je me sens trop nerveuse, trop triste… Je vous garde mon amour, mais j’ai besoin de réfléchir. Vous ne pouvez me refuser, il se passe en moi des choses qui torturent. Tous êtes bon, vous comprenez, dites ?…

— Mais…

Une résonance de pas très fermes, escaladant les degrés de pierre au-dehors, fige le reste de sa phrase. Des plis d’amer désappointement se creusent entre les beaux sourcils de Lucien. D’un geste presque rageur, sa main gauche étreint le bras du fauteuil où il s’agite. Yvonne croit entendre la démarche de son père.

— C’est toi, papa ? demande-t-elle, heureuse de la diversion qu’il apporte.

— C’est moi, Jean !

— Ah ! murmure-t-elle, confuse, le cœur battant plus fort.

L’invitera-t-elle à venir ? N’est-il pas dangereux qu’ils se rencontrent, tous les deux ? Si elle n’appelle pas Jean, Lucien va peut-être le