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gnité d’un homme, fût-on la plus jolie femme de Québec !

— Vous envisagez la chose avec trop de colère et un honneur trop minutieux, répondit Yvonne, irritée par cette explosion de fureur outrée.

— C’est fort bien, Mademoiselle Fontaine, nous allons faire nos adieux ! Puisque vous ne cédez pas, nous nous séparons à jamais ! Quand c’est fini, je suis impitoyable !

Et il se lève, le visage roide et majestueux. Yvonne a l’intuition qu’il ne ment pas, qu’il a l’orgueil bête, irréductible. C’est pour ne plus revenir qu’il s’en ira ! Est-il impossible de l’asservir, toutefois ? Si elle en faisait l’expérience hardie ? Mais ce n’est pas de l’amour, cette bouderie puérile, et elle aime Lucien au point de lui sacrifier le désir profondément féminin de courber l’homme sous le joug dans une querelle d’amour.

— Lucien ! ne partez pas ! s’écrie-t-elle, affectueuse.

— Vous vous expliquez, alors ?…

— Interrogez, je vais répondre…

— Pourquoi êtes-vous si différente, si acariâtre, ce soir ?

— Je n’ai pas changé à votre égard, Lucien ! Je pense de vous toutes les jolies choses d’auparavant…