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avec cette intelligence plus riche qu’il ne l’appréhende, entendu battre ce cœur moins vil qu’il ne l’affirme ? Le remords d’Yvonne creuse davantage : elle regarde son ami avec beaucoup de tendresse et lui dit, contristée :

— Mon ami, vous avez tout oublié, n’est-ce pas ?

— Mais je ne comprends pas… vous auriez…

— Je m’accuse !

— Vous vous accusez ?

— De m’être moquée de vous. C’est stupide, en faire l’aveu, quand vous n’y songiez plus. Eh bien ! il le faut, pour vous demeurer loyale. La dissimulation me pesait. Tenez, je me sens plus à l’aise, maintenant !

— Tout ce que vous avez dit de mon langage, alors ?…

— Je fus méchante !

— Mais c’est la première fois qu’il vous arrive de vous payer ma tête aussi…

— Impudemment, oui, je le confesse !

— La première fois que vous raillez mon langage. Vous pensiez donc, au fond, qu’il est maniéré, faux, alambiqué ?…

— Là, vous allez trop loin encore ! J’ai cru, un moment, un seul, un déplorable moment, que vous vous écoutiez parler, rien de plus… Tranquillisez-vous, je vous en prie, j’ai été sotte, affreusement sotte. Allons ! déridez-moi ce front barré