Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

doit ignorer le trouble dont elle est remuée. Pourquoi tant de compliments ? Sont-ils feinte ou conviction ? Quel outrage, s’il accumulait les mensonges ! Non, non, elle est plus intelligente que cela, elle aurait dépisté la fourberie moins tard ! Elle se rassure, mais elle est sur le qui-vive, elle a confusément peur…

Lucien renoue l’entretien…

— Ainsi, votre promenade a été charmante, cet après-midi. Vous vous en êtes donné à cœur joie…

— Je me suis grisée !

— De quoi ?

— Mais vous le savez bien ! de grand air, de purs arômes, de poésie… Comment faire autrement, quand le soleil est doux, que la campagne est radieuse ?… Enfin, je voudrais pouvoir dire cela dans votre langage, avec des expressions d’un choix, d’un pittoresque…

— Vous ne raillez pas, j’espère !

— Quelle méprise, Lucien ! Je suis à dix lieues de la chose !

— Ce n’est peut-être pas assez loin !…

Et, fier de cette boutade, il eut un éclat de rire où jasaient des roucoulements. Yvonne sourit, le mot lui avait plu, la faisait se repentir d’une malice impulsive.