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PRÉFACE


De tous les genres de littérature cultivés au Canada, c’est celui de la fiction qui rapporte le moins. Aussi, faut-il avoir le culte des lettres poussé jusqu’à la passion pour s’y livrer. À vrai dire, il n’y a que dans le journalisme qu’on ait réussi à vivre chez nous la plume à la main. Et encore, si l’annonce ne venait pas à la rescousse, la pauvrette aurait une existence bien précaire.

L’histoire vit plus longtemps que le roman sans payer davantage, non à cause de sa valeur supérieure au point de vue du style mais il se trouve, d’une génération à l’autre, un petit nombre d’individus disposés à s’instruire sur les choses de leur pays, et c’est ce qui assure à l’histoire une certaine pérennité. Il est dans la destinée du roman canadien de lutter contre un ennemi formidable : l’œuvre des Balzac, des Daudet, des Bourget et autres… La vogue de nos romans s’est montrée, pour cette raison, bien transitoire. Qui demande encore, à la Bibliothèque du Parlement, « Charles Guérin », « L’Intendant Bigot », « Le Chevalier de Mornac », œuvres de valeur