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qui est la cause de tout. Il nous a presque séparés, je n’ose plus te dire ma petite Yvonne…

— Si je te dis non, je sais que tu vas l’attaquer : je ne veux pas que tu l’accuses !

— Est-ce bien l’amour, si tu ne l’aimes pas comme tu désiras aimer ? Souviens-toi de ton rêve : « Ah ! que je l’aimerai, disais-tu, nous monterons ensemble là-bas, toujours plus haut, toujours plus seuls, où il n’y aura que du grand bonheur ! » Te sens-tu devenir meilleure auprès de lui ?

— C’est bon pour les petites filles romanesques, ce que tu dis là. Je suis une femme raisonnable, cela n’empêche pas d’aimer… J’aime Lucien, te dis-je. Il est beau, toutes les jeunes filles me l’envient, oui, celles même qui jasent le plus contre lui. Il cause avec un brio superbe : il n’en est pas un qui puisse lui donner la réplique. Il a souvent des mots d’esprit définitifs !… Il excelle partout. Il valse à me rendre folle, il s’habille en artiste ! Il adore tout ce que j’adore, le théâtre, les concerts, le café !… Tous lui font la cour, je suis fière de l’avoir conquis, et puis, il y a une autre raison, la meilleure, c’est qu’il m’aime et qu’il n’en a pas aimé d’autres avant moi !… Entends-tu bien cela, je suis la première qu’il aime, je le sais ! Il a pu faire des bêtises, il n’aimait pas ! Maintenant qu’il m’aime, je le tiens !…