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— Tu penses à Jean, mon père ? Oh ! pardon ! s’écrie la jeune femme, impulsive.

— Comme je l’aimais, sans le savoir ! Quand il est parti, je ne le lui ai pas dit, mais cela m’a déchiré ! La colère a tenu bon, c’est elle qui m’a empêché de le retenir. Eh ! bien, je n’ai pas cessé d’en avoir du chagrin, mais du chagrin… à tel point que je voudrais toujours pleurer ! Il est si bon, si ardent, si affectueux, mon Jean ! Il me ressemble, tu sais : c’est, de l’énergie, du caractère ! Et puis, je lui ai fait du mal : il doit souffrir, n’est-ce pas ?

— Nous souffrons tous, mon cher papa…

— C’est vrai… Pardon, ma petite fille ! Tu m’apprends ta peine, je me fâche : tu m’arrêtes, tu ne veux pas que je me fâche. Tu veux endurer sans te plaindre. Qu’est-ce que tu veux que je fasse, que je te dise ? Je suis rude, je n’ai pas le don de guérir ces choses-là, moi. Qu’est-ce que tu veux, ma pauvre Yvonne ? Viens me voir, souvent, si cela te fait du bien. Nous… serons tristes ensemble…

Ils redescendent au fond de leur être si désolé. Tandis que la flamme, au sein de l’âtre, palpite et s’égaye. Elle ne se lasse pas d’être claire, d’être orgueilleuse. Elle s’élance, elle s’élargit, elle s’incline comme des fleurs de pourpre à la brise, elle s’agite comme des drapeaux. Comme elle