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souffrance : Gaspard sera lui-même frappé d’amour…

Un bonheur âpre inonde Jean, l’obsède : il entrevoit, il sait, il veut, il exulte…

Gaspard, vaguement positif d’avoir le dessus, commande :

— Il y a dix minutes que j’attends ! s’écrie-t-il.

La douleur est soudain plus acérée aux entrailles du fils.

— Il faudra nous séparer, mon père ? dit-il, et sa voix crève aux profondeurs de la gorge.

— Es-tu fou ? Ah ! mauvais fils ! Ah ! m…

Jean l’interrompt avec effroi :

— N’en dis pas davantage, je te l’ordonne, ou mieux que cela, je t’en supplie ! Ne me déchire pas de blessures. Si tu savais comme j’ai déjà trop de peine !… Il faut que je te désobéisse, te dis-je ! Tu sais pourquoi ? Hélas ! rien n’amollit ta… ton orgueil. Même après ton refus bien… dur, je t’aime profondément : il me semble que je ne t’ai jamais aimé autant, parce que je te fais beaucoup de mal et que j’en souffre d’une façon inexprimable… Il le faut, te dis-je ! Je ne puis faire autre chose… Oh ! qu’il serait facile de nous guérir tous les deux ! Tu n’as qu’un mot à dire. Allons, mon père, je te le demande au nom de tout le cher passé entre nous, aie la générosité de vouloir, bénis mon amour !