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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

la vie. J’ai confiance en toi, sans mesure, puisque je veux t’associer à un idéal. Ne fais pas une moue arrogante : il s’agit d’un idéal vrai, large, facile, qui nous donnera, qui nous maintiendra le bonheur… Oui, j’en suis certaine, comme de notre mariage, comme de notre amour ! Je me suis fourvoyée, il y a un instant ; nous nous aimons encore, beaucoup, hautement, n’est-ce pas ? Tu veux que cela dure ! Eh bien, moi, je sens toute ma vie là, tu m’entends, et je veux qu’elle y demeure ! Ou plutôt, je te supplie d’y bien réfléchir, avec ce qu’il y a de plus sincère, de plus grave en toi ! Est-ce assez pour nous d’être élégants, d’être éclatants, d’être gentils et modernes comme tu le désires ? J’ai peur, ne te moque pas de moi, cher ami, j’ai peur d’une joie trop légère, trop amollissante. Elle nous inclinerait peu à peu vers l’affection moindre, quelconque, superficielle… Me pardonnes-tu, maintenant, ces inquiétudes, ces reproches qui t’agaçaient ? Je te demande, et c’est là mon idéal, j’espère de toi beaucoup d’amour ! Comme tu l’exiges, rien de fade ou de mièvre, de banal ou de sot, mais de l’amour très noble, superbement ambitieux, de l’amour puissant !… Nous sommes riches, nous devons être utiles… Je rêve que tu deviennes magnifique d’amour et de bonté. Comme le dit mon frè-