en tête ? Ma surprise n’a pas de limites… Si peu de temps avant notre mariage, avons-nous le loisir de tels soucis ? Vous êtes impressionnable, on a remué votre cœur avec adresse. Ce n’est pas sérieux, dites ? Ce que vous dites est admirable de charme et de profondeur, mais c’est vague, cela échappe. C’est de l’idéalisme sonore, une chanson joliment rythmée sur vos lèvres, mais qu’en demeure-t-il ? Pas autre chose : l’impression fugitive d’un chant… Bientôt, vous n’y songerez plus…
— Lucien, vous me faites plus de chagrin que vous ne sauriez vous l’imaginer ! dit-elle, avec une réelle angoisse.
— C’est vous qui n’êtes pas sérieuse, Yvonne !
— Ma voix ne vous émeut-elle donc pas ? Détruirez-vous l’espérance nécessaire en vous ?
— Mais enfin, c’est un caprice, l’entêtement d’un jour, d’une semaine ! dit-il, agacé.
— Je vous ennuie ? Je suis ridicule, n’est-ce pas ?
La désillusion l’oppresse…
L’embarras pétrifie Lucien d’abord : il n’a pas l’effronterie d’avouer ce qu’il pense, il flatte, il ment :
— Une jeune fille charmante n’est jamais ridicule !
— Vous ne répondez pas !