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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

de l’espérance en votre cœur : il est bon, il est droit, il est ferme !… Vous pouvez, vous devez être utile, puissant !… Vous ne m’avez jusqu’ici offert que de la splendeur mondaine : dites, elle ne suffira pas, elle ne sera qu’une partie de notre avenir délicieuse et amusante ; il faut aussi quelque chose de plus certain, de plus haut, de plus… éternel…

— Mais que faites-vous de notre amour, ma chère Yvonne ? fit-il, à la fois enivré des flatteries et curieux des choses graves qu’il pressent.

— Il s’agit bien de notre amour, Lucien, je veux qu’il dure ! À ne vivre que de lui-même, il faiblirait peut-être, il deviendrait banal, il se fanerait comme une fleur privée de soleil. Un amour, tel que le nôtre, doit se renouveler, se fortifier par l’union des âmes vers ce quelque chose d’élevé, de sincère, d’éternel… Il vivra alors de cette obsession de la tâche commune, de cet accord incessant vers la bonté… Nous aurons tant de loisir ; j’ai peur du plaisir sans cesse, il anémie le cœur… Voulez-vous que nous donnions un peu de notre richesse et de nous-mêmes à notre race, à des œuvres nationales ?… C’est vague ? J’expliquerai ! Nous chercherons, nous verrons clair ! Comme elle a besoin d’amour, elle aussi !…

— Qui vous a mis ce patriotisme romanesque