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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

des concours, n’avait-elle pas déjà frémi sous l’aiguillon d’être sans égale ? Il est vrai qu’alors, et autant que son frère l’en jugeait délicieuse et noble, elle se complaisait aux enthousiasmes généreux, aux songes de tendresse altière, au désir d’une vie profonde. Elle ne s’évertuait pas moins à copier toutes les fantaisies distinguées, les raffinements, les menues frivolités de ses compagnes issues des familles resplendissant au premier rang de la mêlée mondaine. Jean, la chérissant d’une affection extrême, ensorcelé, ne devina pas cette recherche croissante de la parure et de la joie artificielle. Toujours est-il qu’à la date où on réclama sa jeunesse et sa beauté, les études closes, elle avait l’âme encline à céder aux molles tyrannies de la mode, à l’emprise de la vogue. Oh ! l’enivrement de la popularité bruissante autour d’elle ! Quel ravissement de dépasser les autres jeunes filles, de se sentir la favorite, la plus jolie, la plus lumineuse, la plus enviée de la saison ! D’être ainsi admirée par les jeunes gens, acharnés à lui payer leur redevance de flatteries et de politesses, ne se grisa-t-elle pas d’une jouissance analogue à celle dont Gaspard Fontaine, maîtrisant la richesse, avec fièvre se délectait ? D’un orgueil pareil à celui de son père, avec une certitude et une présomption égales, avec la même exubérance, elle tendait vers le