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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

Fontaine s’affaissait. Elle conservait de l’élan, de la souplesse, une vivacité personnelle. En d’autres termes, elle ne s’enfuyait pas, elle ne s’abêtissait pas : le plus vigoureux d’elle, tout simplement, somnolait. Dans toutes les occasions de penser, d’être originale, que lui offrait son existence de jeune fille adulée, elle éclipsait toutes ses rivales par une aisance à lancer des ripostes inattendues, par une ingéniosité savoureuse et brillante, par un esprit dont nul ne pouvait récuser l’activité incessante et le riche imprévu. Dès qu’Yvonne s’intéressait un peu à une idée quelconque, fût-elle sévère ou futile plus ou moins, elle n’en parlait qu’en lui insufflant un charme et une vie spéciales. Sympathique à la vocation de luxe et de vanité glorieuse à laquelle si adroitement Lucien la provoquait, elle répondit à son attente avec l’ardeur, les ressources, la vibrante intuition de son intelligence. En elle aussi revivaient l’impétuosité de Gaspard, son vorace appétit de réussir. De pareils instincts, vivant à la sourdine, attendaient l’heure d’éclater : les projets de munificence auxquels son ami l’initiait, dont il avait l’intention de la rendre solidaire, eurent cet effet, les firent tressaillir en elle. Avant longtemps, ils furent développés, forts, obsédants. Au couvent, lorsqu’elle s’épuisait à maintenir son nom à la première place