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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

tulé : « Un rayon de mon pays ! » Et il aurait eu raison : gouttelette claire où le soleil avait mis un peu de lui-même en un grouillement d’or !

Quelques instants lui suffirent à franchir l’allée de sable. Le mouvement de tout le corps un peu grêle est sûr, hardi, facile, un beau geste de force exquise.

Les yeux dilatés, complètement rieuse, elle raconte à Jean les joies de l’expédition.

— Quelle température délicieuse ! Le plus joli petit voyage ! Au ciel, de l’azur partout, de la lumière à s’en étourdir pour une semaine ! Dans les champs, de l’herbe exquise et souriante ! Les arbres dodelinaient leur tête comme pour nous saluer. Quand j’étais bien certaine que personne ne me voyait, je leur agitais mon mouchoir, et ils répondaient. C’était idiot, mais cela me faisait plaisir. Aux maisons, les grands, les petits, les vieilles, les beaux garçons nous contemplaient avec des yeux larges comme les fenêtres ou les portes. Papa jouissait de leur ébahissement, se renversait la tête comme un roi mérovingien. Que j’étais heureuse de le voir si content ! L’automobile filait à perdre haleine, la gazoline crépitait, la sirène hurlait, la poussière montait comme une auréole à l’arrière et j’ouvrais la poitrine toute grande pour y recevoir l’air pur de l’espace !…

— Tu ne m’as toujours pas dit où tu avais