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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Non, vous dis-je !

— Je le sais !

— Vous m’avez surprise un peu, c’est tout ! finit-elle par dire, vaincue, rougissante d’avoir laissé poindre son chagrin.

Assez maîtresse d’elle-même pour ne pas discontinuer son badinage, une déception quelque peu âpre lui avait du moins fait mal, lorsque Jean, soudain frivole, avait presque raillé : « C’est la dernière fois ! » Un tumulte d’angoisses vagues l’assaillit : « Eh quoi ! songea-t-elle, je l’avais cru sérieux. Il m’a parlé d’une voix si sympathique, si franche. Il ne peut m’avoir trompée. Il ne me promettait rien, c’est vrai. S’il m’admire sincèrement, pourquoi devient-il si indifférent ? Je ne sais plus quoi penser, moi ! S’il ne m’a donné aucune autre espérance, j’ai le droit d’espérer qu’il ne ment pas, que son admiration est réelle ! » Toutes ces réflexions ne la détournèrent pas de sa présence d’esprit. Elle désirait tant ne plus être mordue par le doute, mais il fallait que Jean lui-même le calmât. Sans avoir jusqu’ici prêté l’oreille à la présomption, sans avoir consenti au rêve d’être courtisée par le jeune homme, sans même s’être flattée qu’à la revoir il finirait par la chérir, elle n’avait pu, si fine et intuitive, ne pas pressentir combien le jeune homme avait pour elle de l’es-