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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Et moi, je n’ai pas cru vous offenser !… Si j’avais eu peur de vous blesser, je n’aurais rien dit. Vous n’aviez pas compris que je badinais ?… Vous me faisiez des louanges, c’était une manière de les accepter. Je ne sais pas comment je me serais tirée d’affaire autrement. J’ai eu foi en votre sincérité, mais n’aurais-je pas été sotte de ne rien répondre ?…

Elle a parlé sans aigreur, mais d’un accent net et qui réclamait un droit, qui vibrait comme une défense. Elle n’était pas arrogante ni querelleuse, elle avait la sensibilité fière : à la modestie s’alliait une dignité qu’il ne fallait pas méconnaître. Jean ne se pardonne pas d’avoir été presque rude à force de raideur, il en a la certitude maintenant. Peu importe qu’il ait essayé de lui faire oublier les tendres paroles suggestives d’espérance : il a voulu n’être pas cruel, il n’a réussi qu’à la froisser, qu’à l’attrister. De la faire souffrir, il est bouleversé : un désir aigu de réparer le maîtrise…

— Je vous remercie de m’avoir accompagnée jusqu’ici, dit alors la jeune fille. Vous êtes venu vous informer de mon père : je vous remercie pour lui ! Je n’ai pas besoin de vous dire que, tous les jours, il parle de vous, qu’il n’oubliera jamais votre fidélité auprès de lui !

Ainsi donc, elle ne s’est leurrée d’aucune espé-