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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

ses entrailles ait bougé d’émoi !… François Bertrand, l’un de ses meilleurs ouvriers, docile et robuste, aurait disparu sans une larme, sans un adieu sincère de l’homme qu’il avait servi, qu’il avait aimé peut-être…

Et Jean, depuis qu’il eut cette vision d’égoïsme, s’efforce de l’oublier, parce qu’une révolte l’en torture. Il refuse de prêter l’oreille aux murmures intimes qui lui chuchotent de l’aversion contre son père. Ils reparleront tous deux d’union, de fraternité, d’amour : Gaspard se défendra, se justifiera, ne sera pas odieux. La tendresse filiale vibre en lui comme de la pure lumière : il ne la veut ternir d’aucune souillure. Que ne peut-il, autant que Lucile, avoir le culte de son père en toute sa certitude, en un don confiant de lui-même ! Elle entourait son père d’une admirable affection, la plus semblable à l’adoration et qu’aucun mot n’exprime…

Bien qu’il ne la revoie plus, qu’il ait décrété de ne plus la revoir, Jean ne cesse guère de revivre chacune des impressions cueillies auprès d’elle, d’entendre la cadence pure de ses paroles, d’être ravi par les qualités simples et franches, la sérénité de l’âme, le courage sans bruit, le cœur brave et sans ardeurs maladives…

La tentation d’aller une fois encore auprès d’elle afin de mieux s’en souvenir, l’a tout de