Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

admire et je crois en eux, mais j’ai l’amour de ma race et je crois en elle !… Il est fort bon d’insister auprès des Anglais pour la plénitude de nos droits, mais ne faudrait-il pas surtout lancer nos forces au cœur de la race, pour le nourrir, le fortifier, l’élargir, le faire battre hautement !… Accumulons de la valeur, de l’intelligence, de la noblesse, de la foi, de la beauté, soyons une race qui mérite d’être canadienne ! L’admiration, entre les races comme entre les individus, fait éclore l’amour… Les préjugés, restes de barbarie lugubre en un siècle affamé de lumière, il faut qu’ils meurent ! Et c’est l’amour qui les tuera ! Et c’est l’amour qui nous sauvera par les Anglais eux-mêmes ! Nous n’avons, pour les attendrir, que nos cœurs français de Canadiens ! Hélas, ils ne veulent pas les laisser battre sur leurs cœurs anglais de Canadiens !… Oh ! le jour où certains d’entre eux, nos défenseurs auprès de leurs frères, trouveront enfin les mots qui balayent les haines ! Ces défenseurs, nous les aurons, si nous en sommes dignes ! Vingt siècles de christianisme seront-ils impuissants à faire jaillir un peuple de frères en Dieu ?… Les Anglais n’étrangleront pas une race dont la voix chante avec extase leurs fleuves et leurs montagnes, parce que l’âme du Canada lui-même en serait déchirée ! Ils n’éteindront pas une race