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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Mais j’y crois ! Invente un credo et je le réciterai !

— Crois donc à ses fils, à celui dont tu ferais l’époux digne de l’idéal revenu en toi, mais assagi, plus raisonné, sans exaltation creuse ! Le credo qu’une jeune fille récite à sa race est la foi qu’elle garde en ses fils. En sommes-nous rendus à l’époque où les jeunes filles, déchirant leurs rêves, n’ont plus qu’à s’écrier : « Il n’est plus de jeunes gens qui les méritent ! Faisons descendre notre âme jusqu’à ceux que le siècle nous envoie ! » Une jeunesse sans idéal méprise le devoir, et le devoir est la flamme qui fait resplendir les races, le levier qui les lance au faîte de l’histoire !…

— Le devoir n’a pas été créé pour Lucien, probablement…

— Lucien ignorera le devoir aussi longtemps qu’il sera incapable d’amour.

— Je te jure qu’il m’aime ! De l’amoureux il a l’accent, le regard, la douceur fidèle !…

— La douceur éternelle ?

— Tu m’insultes ! Ne suis-je pas digne qu’on m’aime longtemps ?

— Je te sauve, ma petite sœur ! Vois-tu, je comprends mieux certaines choses depuis quelques jours ! L’homme qui ne peut aimer sa race n’aura jamais au cœur les autres grands amours…