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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

un de mes plus grands amis ! Au club, c’est avec lui que je m’accorde le mieux ! Je ne suis pas capable d’expliquer cela… eh bien, il me semble que nous sommes taillés dans la même étoffe, que nous sommes deux habits presque semblables. Comme si, l’un en face de l’autre, nous nous retrouvions l’un dans l’autre… Mais il ne s’agit pas de mon bavardage.

— T’a-t-il parlé de son fils ? demande la jeune fille, adorablement ingénue.

Les lèvres de Jean remuèrent : elles allaient lancer une boutade mesquine. Il se souvint que le sarcasme est presque toujours une lâcheté : ne devait-il pas être généreux sans bornes ?…

— Il m’a dit que son aîné travaillait avec lui quand il avait du temps de reste. Il m’a laissé entendre qu’il ne songeait pas encore très sérieusement à la besogne assidue. Est-ce ton Lucien, l’aîné ? Je l’ai connu, pourtant : ma foi, je ne m’en souviens plus !

— Depuis assez longtemps, il est beaucoup plus assidu auprès de ma sœur qu’aux factures ou aux rêveries financières, explique Jean, sans la plus infime pointe de malice au bord des yeux, aux commissures des lèvres.

— Et tu ne le refuses pas ? il est donc charmant ! s’écria Gaspard… Car, enfin… je ne sais comment faire un compliment qui te convienne…