Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Ah ! tu n’as pas le calme et la hauteur des cerfs-volants…

— Mais la fragilité, le superflu, le besoin du vent…

— Ne te fâche pas, je t’en prie. À quoi bon le venin qui empoisonne ? Je n’ai pour toi aucune aversion…

— Il ne manquerait plus que cela !

— Aucune animosité, aucune rudesse, mais de l’amour, celui qui perçoit le plus merveilleux de toi-même ! Les jeunes filles ont des ailes qu’on dirige : selon l’influence, elles rasent la terre ou montent en pleine lumière…

— Et mes ailes, où vont-elles ? Voici une rime, tu ne devrais plus m’en vouloir, ô mon cher poète.

— Je voudrais qu’elles aillent très haut battre pour la race, pour le Canada !… Le Canada sent les premiers frissons de la vie nationale : pour ne pas mourir de faiblesse et de matérialisme, il a besoin des femmes, de leur âme ardente, croyante, héroïque, inspiratrice !

— Tu ne savais pas que nous avions un tel patriote ! dit Gaspard, que « la grande idée » de son fils persécute. Eh ! bien, sache-le, tu as perdu le plus beau discours !

— Pourquoi n’es-tu pas avocat, Jean ?…

— C’est qu’il a bien d’autres choses en tête,