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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

et du passé grandiose, mais sans les ailes anciennes vers le plus pur et le meilleur.

Une confiance nouvelle s’empare de son frère : n’est-il pas irrésistible, ce soir, l’embrasement qui se ranime en tout lui-même ? Un peu de ce magnétisme ne l’émouvra-t-il pas elle-même ? Pour ne pas gâcher la cause par un zèle maladroit, il appelle à son aide la bonté, la douceur, un véritable élan fraternel. N’y a-t-il assez d’étincelles pour raviver en elle la flamme large et merveilleuse de l’idéal ?

Précisément, la minute est venue d’être sur le qui-vive et d’être habile : Gaspard, distrait par Yvonne si joyeuse, n’a pas toutefois oublié le cri passionné du fils.

— Bon ! achèves-tu de rire ? dit le père.

— Veux-tu que je recommence, papa ? Je me trompe : c’est à Jean qu’il faut en demander la permission. Il ressemble… ah ! je ne sais à quoi… tiens, au gros érable tout vieilli, tout pensif au coin du parterre. Allons ! un sourire de toi, s’il vous plaît, gentil, de vieux garçon délicieux ! Je lui offre Marthe Gendron : il refuse net, Monsieur le docteur fait le petit bec. Hier, au café, je l’ai vue. Elle était ravissante en linon lilas. Un américain superbe la harcelait des yeux, mais elle me jasait de toi. Elle agonise, te dis-je…