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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

La preuve que je ne m’égare pas, que je réussirai, c’est toi, ton sang qui est le mien, et par lequel s’effondrent les obstacles ! Ce qui m’entraîne vers la science la plus haute, c’est la fièvre qui t’emporte vers les sommets de la richesse. Si l’on venait t’accuser d’être un orgueilleux mesquin, tu sourirais de mépris : « Allons donc ! dirais-tu, je désire toujours plus d’argent, parce que je ne puis faire autrement, parce que c’est ma destinée ! » On ricanera, on s’esclaffera même, on s’écriera : « Il devient fou ! Quel fat ! Il se croit plus futé que les autres ! » Eh ! bien, je leur répondrai : — « Vous n’en connaissez rien ! Je vous pardonne de me faire de la peine, mais je passe outre, parce que je ne puis pas faire autrement, parce que c’est mon destin ! » Quelque chose de plus fort en moi que l’orgueil frémit, c’est le devoir ! Est-ce ma faute, si j’en ai la conviction ardente ? Je ne m’appartiens plus, une conviction me possède ! Je peux me tromper, mais si je ne le crois pas, je dois lui obéir, je dois vivre pour elle ! Je pressens qu’un jour elle ajoutera quelque chose à ma race, de l’honneur, du prestige, un peu plus de raison de survivre. Le Dieu qui fait germer les devoirs au fond des consciences m’ordonne : je marcherai, j’essaierai !

— Mais tu n’es pas dans ta vocation, Jean !