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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

la hauteur de son rêve. Comme s’il avait été l’ensorcelé d’un mirage, il a subitement l’impression de traverser un désert : c’est la monotonie de l’avenir aux troubles horizons qu’il revoit. Ne fut-il pas ébloui par une illusion faussement brillante ? Il redoute l’ironie clairvoyante de Gaspard, le sarcasme froid qui fige l’enthousiasme. Le projet est fantaisiste, puéril, naïf. Le jeune homme est lourd de tout le poids en lui du rêve s’affaissant…

— À mon tour, je te le demande, ne te moque pas de moi, dit-il, après le silence qui devenait trop long.

— Il ne veut plus me le dire ! As-tu encore envie de me laisser coi ?… Tu me défends de me fâcher, il ne me restera plus qu’à me moquer de toi.

— Te sens-tu disposé à entendre une chose qui va te renverser ? dit le fils, en qui la jovialité de Gaspard fait remonter l’idéal. Il s’agit de mon avenir…

— Tu me l’as déjà dit ! Ferais-tu la petite bouche sur Paris maintenant ? C’est qu’il faut y aller, tu sais ! Qu’est-ce qu’on dirait ? il est trop mesquin pour l’envoyer. Des fils d’« habitants » n’y vont-ils pas ? Quand tu reviendras de Paris, tu seras lancé…

— Je me meurs d’aller à Paris !