Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— À toi l’honneur ! Qu’est-ce qu’un bon papa ? Ta définition, s’il vous plaît ?

— Mais le bon fils doit obéissance au bon papa !

— Tiens ! nous disons des bêtises…

— Je crois bien que oui, s’écria Gaspard, jovial.

— Bon fils, bon père, philosophie de collège, soumission, des bêtises monstrueuses, ineptes, avilissantes, ruinées !

— Je ne t’avais pas compris ! Je ne te comprends pas encore tout-à-fait, d’ailleurs. Pas d’énigmes, je t’en conjure. Il me faut la clarté du bon Dieu.

— C’est leur grand tort, à ces choses-là, de réfléchir la clarté du bon Dieu ! Il s’en va, Lui aussi, le bon Dieu ! Quelle expression niaise, candide ! Il s’en va, dis-je, usé comme un vieil habit qu’on a honte de porter. Allons, tu comprends ?…

— Je te comprends, sans comprendre qu’Il s’en aille… D’où te vient cette humeur ? Tu n’as pas coutume de parler ainsi. Cette jeunesse ! elle a une façon de bavarder sur les choses sérieuses ! De mon temps, on ne raillait pas de la sorte. Traiter du bout des lèvres le sujet du bon Dieu, jamais je ne ferai cela. Prends garde, mon Jean, il paraît qu’on doute à la minute où l’on s’y attend le moins.