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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

loin de s’attendrir sur les décombres de l’espèce de hangar où son courage avait aimanté la fortune, il trépigna d’allégresse, à le voir se désarticuler et mourir lambeau par lambeau, il s’enivra d’orgueil au tableau de la fabrique prenant vie, robuste, altière, la sienne, enfin, sur le fronton de laquelle de grosses lettres épelleraient largement son nom. Plus ardemment encore, il crut à l’intime alliance du succès et de lui-même, il exulta, il palpa l’or qui viendrait…

La lueur plus fulgurante de son étoile ne mentait pas. L’exploitation du commerce originel, décuplée, ramifiée en des industries multiples également victorieuses, amoncela les gains. Limitée d’abord à la construction de portes, de châssis, de quelques autres objets de menuiserie subalterne, le plus humblement toujours, elle était devenue fière, se confinant aux mêmes articles, mais plus riches, plus délicatement achevés. La fabrique, depuis sa mise au monde, lui a permis de s’étendre : il en sortit des voitures, assez peu somptueuses, les plus diverses, de charroyage ou de promenade, qui alléchaient le goût des campagnards ; on y charpenta des meubles sans luxe, dont les logis d’ouvriers se garnirent et les salons des paysans furent embellis. Le nom de Gaspard Fontaine circula, rayonna, se para d’une auréole que diffusèrent, en le prononçant,