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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

sunir, Gaspard se raidissait, fermait ses poings avec insulte, raillait. Il était radieusement sûr de lui et de l’autre, le triomphe… Pour décongestionner la besogne, il fallut de l’aide, un autre ouvrier souvent : quelques autres furent bientôt nécessaires, autour de lui se groupèrent en phalange de victoire.

Gaspard fut le maître, né pour asservir, autoritaire avec jouissance, meneur, toujours ferme, hargneux quelquefois, une sécheresse militaire dans la voix, le cerveau net et rapide. Il ne s’habituait pas à l’âpre saveur de commander, moins encore à celle de sentir les volontés ployer sous l’obéissance. Entouré de serviteurs fléchissant la tête et démenant leurs bras à lui plaire, il était chez lui, profondément, sa nature conquérante assouvie. À Rome, autrefois, les hommes de sa trempe et de sa taille devenaient empereurs…

Les hommes de sa trempe et de son audace, quand ils veulent monter sur le trône de l’Argent, brisent les glaives pointés contre leur ascension. Peu à peu, les convoitises de Gaspard s’élevèrent, plus hautaines. À la maigre boutique des premiers jours, il avait adossé quelques allonges déjà. Tout fut rasé, sans merci, pour que s’édifiât une bâtisse presque vaste, à trois étages, dont le mur était criblé de fenêtres prétentieuses. Bien