Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tera pas, croira lui-même à la guérison, parlera, relèvera, fortifiera, gardera son trône en l’âme de la jeune fille.

Il ressasse les banalités dont la mémoire est toute lourde encore…

— Rien n’est perdu… Il faut que la mauvaise période fasse son temps… Sans doute, il a perdu beaucoup de forces, il est descendu très bas… Mais l’essentiel dure, le cœur : il a de la vigueur encore… La respiration, bien que sans largeur, est calme et monte la garde auprès de la vie… Il faut un coup si traître pour assommer des hommes aussi bien musclés. Comme il doit être rude à la besogne, ce bras, quand il a toute sa force !… Il reviendra, Mademoiselle, je crois qu’il reviendra !…

Il a monologué très habilement, comme ne s’adressant qu’à lui seul. Lucile, de tout l’élan de sa nature, accueille ces paroles de délivrance. La poitrine se gonflant d’aise, elle remercie :

— Que vous êtes bon d’être venu ! C’est… c’est… du bonheur !…

— Votre père est très bon, puisqu’il est digne de tout cet amour.

Le regard s’adresse à l’amour de la jeune fille : du geste, Jean rappelle celui de l’épouse.

— Papa défunt, je ne sais pas ce que nous de-