Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tent le parler des classes moins instruites. Il n’a pu détourner encore les yeux de ce visage palpitant de charme, ennobli par la souffrance.

Quelques secondes d’une pareille admiration ne lui firent pas oublier que pour autre chose il est venu, pour secourir…

— Comment est-il, votre père ? interroge-t-il, et ses paroles tombent comme celles d’un frère.

— Très mal, hélas !

— Que pense le docteur de la famille ?

— Il ne se prononce pas…

— Eh quoi ! Mademoiselle, rien, pas la plus légère esquisse d’espoir ?

— Comme le dit ma mère, il a peur de rencontrer nos yeux.

— Quelques docteurs sont taciturnes quand ils se battent…

— Contre la mort ? dit-elle, avec une impétuosité haletante.

— Ne pensons pas à elle, voulez-vous ?

Sa voix très bonne commande. Il se rapproche de l’ouvrier de son père. Jusqu’alors, le panneau du lit la masquant, il n’a pas vu Germaine écroulée. Lorsque les traits congestionnés le frappent, un saisissement le paralyse. Il devine tout le drame : l’épouse était lasse d’héroïsme… Le corps a la mollesse d’une loque. Le désespoir a crispé la lèvre inférieure d’un rictus. Des touf-