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beau sous l’effort de la pensée, garde avec une jalousie d’enfant.

Thérèse bientôt rejoint sa mère. Elle écoute le mystère des mots qui s’étranglent au fond de la gorge, elle a peur de ce râle. Elle n’ose tirer la manche du corsage, appeler tout fort. Apercevant Lucile à la fenêtre, elle s’empresse vers elle d’une allure plus timide que celle d’auparavant.

— Lucile ! murmure-t-elle, essoufflée, bien bas, de l’effarement naïf au fond des prunelles. Il y a un Monsieur…

— Un monsieur ?

Quelque chose mord Lucile au cœur, et c’est irrésistible, et cela fait mal avec douceur. Un pressentiment l’avertit que c’est lui, l’attendu, le fils du patron… Pourquoi cette joie qui pleure aux sources de l’âme ?

— Un monsieur qui te demande ! continue la petite fille.

— Moi ?

— Il a dit : Mademoiselle Bertrand. C’est toi, je suppose, mademoiselle Bertrand ?

— Comment est-il habillé ? questionne Lucile, troublée davantage.

— Comme un monsieur.

— Encore ?… est-il grand ?

— Plus grand que papa. Je n’ai pas distingué