Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et bien, je revenais de la première séance du Congrès, ni plus, ni moins.

— Du Congrès ? railla Lucien. Mais c’est… ce n’est pas…

— Chic ? insinue Jean, comme s’il était convaincu lui-même de la chose.

— Rigolo, comme dirait Lavedan.

— Examines-tu les hommes et les choses à travers la lorgnette de Lavedan ? Je puis affirmer que Lavedan n’a guère étudié le patriotisme canadien. Il a fait une satire étoilée des mœurs parisiennes, en virtuose. Rigolo, Lucien, ce n’est pas le mot à sa place, tu me permets de le dire ?

— Rigolo… j’admets qu’il faut s’entendre. On ne va pas aux réunions patriotiques avec la fièvre de plaisir qui pousse au bal. Tout de même franchement, le patriotisme, cela m’embête. N’est-il pas temps qu’on cesse de nous rompre l’oreille de tous ces mots rouillés qui sonnent la vieille ferraille, tradition, coutume, institutions ?… La plupart de ceux qui font tant de bruit avec eux ne savent même pas ce qu’ils veulent dire. Ils ne signifient plus rien parce qu’ils ont trop servi. Les siècles usent tout…

— Même ce qui est éternel ? demande Jean.

— Les peuples ne sont pas éternels ! ils meurent, c’est l’histoire…

— Si je te comprends bien, la race canadienne-