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sa femme sera une parure, un diamant précieux qu’on exhibe pour éblouir. Elle se confinera donc à ceci, la plus grave tâche d’Yvonne épouse, à briller dans la traînée lumineuse d’un rat… Quelle déchéance pour la sœur en laquelle Jean avait vu fleurir tant d’exquise sensibilité, se lever tant d’impulsions vers les hauteurs morales, frémir tant de saine exubérance ! Comme elle pourrait, se reprenant, se mêlant à la vie mondaine de façon à ne pas en être le jouet, mais à la dominer en elle-même, guider un mari jusqu’aux sommets de la noblesse ! La race canadienne-française n’aura jamais trop de femmes dont éclatent la fierté de caractère et la haute intelligence. De telles femmes sont nécessaires au rayonnement d’une race : Yvonne a reçu les dons qui, développés et mûris, la feraient très riche de la meilleure influence. Il ne se peut que la flamme n’en puisse être rallumée. Avec adresse, avec bonté, mêlant aux conseils le plus tendre de son cœur, Jean éloignera cet amour. Yvonne est déjà moins aveugle, plus accessible : un doute a vu le jour en sa conscience. Elle voudra la pleine lumière : Jean se croit plus de courage pour la lui répandre. Il faut que Lucien Desloges, héros d’argile, s’écroule. Voici la demeure de Gaspard Fontaine enveloppée de silence. Après un long regard évocateur sur les Plaines