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au large de l’écueil

de moi-même, les plus douces de mes espérances, les plus délicates de mes pensées, les plus nobles de mes aspirations, le meilleur de ma sensibilité, je saurai à qui va ce don total de moi-même…

— Et si vous vous trompiez ? Si vous vous donniez à un lâche qui blessera tous les raffinements de votre nature d’élite, flétrira la fleur au parfum pur ?… L’amour libre vous ordonnera de tenter ailleurs la conquête de votre bel espoir, et, d’amertume en amertume, vous tomberez sur le chemin rude un jour, lasse de meurtrissures et d’idoles brisées…

— Vous avez une fausse conception de l’amour libre… Je l’entends autrement, Monsieur Hébert… Mon rêve est haut… Si je me trompe, je serai fidèle à l’ingrat… Je n’aurai qu’à marcher dans l’existence avec du plomb dans l’aile !…

— Et alors, interrompit Jules, malheureuse dans celui-ci, vous n’aurez même pas la consolation d’espérer l’autre monde avec sa promesse de rétribution souveraine…

— J’aurai, du moins, celle de me sacrifier au triomphe de l’humanité affranchie, qui sera bonne un jour, où il n’y aura plus de lâches ni d’é-