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au large de l’écueil

nos veines !… Mais plus qu’elle encore, nous aimons la patrie canadienne !… Vous veniez de nous lâcher, volontairement ou non !… Montcalm et Wolfe, dans la mort, se donnèrent l’accolade de la gloire… La fraternité des deux races est née d’elle !… Après des combats nécessaires, nous sommes libres !… Et maintenant, nous appartenons au Canada !… Chez vous, nous ne sommes plus chez nous, nous voulons revenir… C’est le chez nous dont je vous parle que nous défendrions contre la France !…

— Il y a, entre nous, les « arpents de neige » de Voltaire et de la Pompadour ! ajoute la jeune fille, pensive.

— Au collège, quand nous l’apprenons, nous nous sentons Canadiens !… Les deux races vont aimer d’un même amour les « arpents de neige » qu’elles ont rougis de leur sang… Vous parliez d’athéisme universel !… À l’heure même où le triomphe vous paraîtra certain, rappelez-vous que Wolfe et Montcalm ont prié avant de mourir, et que le Canada chrétien s’en souvient encore !…

— Toujours la prière entre nous ! dit-elle, avec tristesse.